La rentrée.
Je n’ai pas l’habitude de vider mon sac ainsi.
Je suis arrivé plus tard. Ben, c’est que je suis partie tard. J’ai n’ai pu éviter mon rituel du matin à allumer l’ordi et à embarquer sur une toute petite vague, cette fois, quand même.
Je suis arrivé plus tard. Ben, c’est que je suis partie tard. J’ai n’ai pu éviter mon rituel du matin à allumer l’ordi et à embarquer sur une toute petite vague, cette fois, quand même.
Je suis entrée par l’arrière de l’édifice, d’un pas lent.
Je n’ai pas regardé les gens agglutinés devant le buffet de la rentrée et je suis passée tout droit à la table où étaient assises deux de mes consœurs qui jasaient.
Je ne voulais pas entendre la zélée qui se vanterait probablement d’être entrée au moins 3 fois dans l’été et ce durant quelques jours à chaque fois. À m’énarve!
Nous sommes six dans notre département. Telles les sentinelles de l’air, je nous présente.
Numéro 1 : Nous sommes arrivées la même année mais elle enseignait déjà dans une autre région. Cela la place donc devant moi. Elle vit dans une bulle. Elle dit qu’elle est une fille d’équipe mais elle agit seule. Elle n’entend pas ce que les autres disent, pas même ses élèves. Quand on entre dans sa classe c’est le « free for all », impossible d’y travailler. Les tannants y font la pluie et le beau temps. Elle est un excellent publique. Elle a trippé comme moi dans sa jeunesse. Ce qui fait qu’on a quelques affinités.
Numéro 2 : C’est moi. (Je sais, c’est pas poli mais je suis la numéro 2, faque…). J’ai appliqué à ce poste pour enseigner. Tout comme Naftaline (http://profauprof.blogspot.com/), je me dirigeai d’abord en enseignement (Arts-Plastiques pour moi) à l’université. Grosse grève à l’UQAM dès octobre, si je me souviens bien. Une grève longue, longue. J’suis allé travailler là où on me l’a offert jusqu’à ce que je me réoriente, quelques années plus tard, dans un domaine artistique et pratique. Puis l’appel de l’enseignement refait surface alors que je visitai un salon du design (SIDIM) et où le centre, où je travaille maintenant, avait un stand.
Numéro 3 : La plus âgée. Elle est sympathique. Elle n’aime pas la chicane. Elle évite les situations qui peuvent nuire à sa tranquillité. Elle ne parle que de ses petits-enfants, de ses vieux parents, de sa famille, d’elle. Il ne lui reste que 3 ou 4 ans.
Numéro 4 : La plus sérieuse. Elle a de la difficulté à rire. Elle ne sait pas trop comment. Elle est très consciencieuse tant qu’au fonctionnement du département dont elle est chargée en tant que chef de groupe. Elle est très rationnelle et organisée. Elle est fiable. Mais elle n’est pas sympathique. Mais là, pas pantoute. Elle est, pour moi, une des représentantes du type d’enseignant du professionnel qui, ma foi, ne sont pas ceux avec qui je partage les idéologies. Je m’explique, je pense réellement que plusieurs d’entre eux, n’étaient pas heureux dans leur travail et voyaient, dans l’enseignement, une alternative très intéressante, d’autant plus que les salaires sont souvent plus élevés que dans leur milieu et que, disons-le, l’horaire est beaucoup plus attrayant. Certains deviennent de bons formateurs, d’autres pas du tout, niet, rien à faire. Ils considèrent les élèves comme étant des employés qui doivent faire leur travail. D’ailleurs, celles qui suivent ont cet avis.
Numéro 5 : À l’arrivée : une boule d’énergie positive, une blagueuse infatigable, une enseignante dévouée. Le stress du métier a eu raison d’elle. Une autre incongruité de notre système : cette personne, autrefois autonome et dynamique dans son milieu a dû céder (tout comme nous tous) aux contraintes qui s'amplifient insidieusement année après année. Contrairement à moi qui résiste du mieux que je peux, elle, essaie de s’y conformer. Mais c’est impossible. On ne peut être un esti de bon prof et être un bon employé docile affecté aux tâches multiples et variées qui nous incombent. Elle essaie de tout faire. MAIS C’EST IMPOSSIBLE. Bref, ça l’a rendu malade et les conséquences ont été, malheureusement, désastreuses.
Numéro 6 : La septième qui n’est pas avec nous cette session (soupir de déception!), la décrivait ainsi : Un maringouin la nuit qui nous tourne autour. BZZZZ… Elle travaille. Elle bouge. Elle tourne en rond. Elle cherche. Elle se cherche. Elle est tellement stressée et stressante! Elle n’aime pas vraiment les élèves. Elle préfère les journées pédagogiques où elle peut remanier les locaux, fabriquer une tablette, créer de la paperasse qu’elle refait constamment puisqu’elle finit par la perdre (soupir d’exaspération!). Pourtant pour nous elle est d’une générosité, d’une abnégation qui en est presque exagérée. Elle ne se valorise que dans les actes où on peut remarquer sa contribution et recherche continuellement notre assentiment. Dommage, c’est une bonne fille. Mais je ne peux supporter comment elle traite les élèves.
Donc, une septième a été coupée cette année puisque nous avons perdu tellement d’élèves l’an passé (« thanks to » numéro 5 qui avait la mèche courte durant plusieurs mois. Sa santé n’a pas été bonne et elle s’est défoulée sur les élèves. Elle est du genre à se trouver une cible à chaque année mais là, elle en a visé plusieurs et au professionnel, les élèves ne sont pas particulièrement motivés, donc…). Numéro 7 et moi étions complices. Nous avions suivi la même formation à l’université. Nous avons les mêmes références culturelles et sociales. Nous avons les mêmes valeurs. Nous étions deux. Ça aide. J’écris là, puis j’ai le cœur gros, elle va me manquer. Son départ a contribué au « down » que j’ai ressenti cet été et que je ressens toujours. Mais grâce à PS et à ses complices, je me sens moins seule.
Alors, revenons-en à la rentrée. Je me suis finalement assise avec numéro 3 qui était un peu plus loin. Numéros 4 et 6 se sont finalement jointent à nous alors que je les saluai lorsqu’elles se levèrent pour se chercher quelque chose à grignoter.J’ai senti un besoin de rapprochement entre numéro 5, et moi, comme un besoin de repartir du bon pied. Cela me redonne confiance. Une volonté réciproque de comprendre l’autre. C’est bon signe.
À la fin du court discours de la direction de notre établissement, le délégué syndical chargé du centre nous présente, l’un après l’autre, en tant que délégué en deuxième année de mandat. À mon tour, les gens ont applaudi. Il en a été de même pour toutes les filles. Les gens apprécient que l’on s’implique. Pas pire pantoute!À la fin de tout ça, on planifie les tâches devant être accomplis avant le début des cours (quatre jours comprenant des réunions) : De nouveaux ordis ont été installés dans un local, il faut le remettre fonctionnel. De nouveaux rangements ont été transportés dans l’atelier, ils sont là en plein centre. Il faut tout replacer. Misère! À chaque année, nous devons faire ce type de tâche.
C’est pas des blagues, on ne parle pas de contenu, pas d’accueil, pas des élèves qui s’en viennent, on ne parle que de l’aménagement des locaux. C’est de pire en pire, année après année et lorsqu’il a été question d’élève, finalement (!), à un moment donné, numéro 6 s’est empressé d’en parler comme d’une calamité. HAAAHHHAAAA!
J'oubliais, numéro 6 est entré 2 fois. Elle nous a décrit tout ce qu'elle a fait.
RépondreSupprimerBravo numéro 6 (dit sur un ton sans conviction).
C'que j'suis méchiante.
Bon Loulou, non seulement tu dessines bien, mais tu écris bien (très évocateur). Et on te sent très observatrice (et critique).
RépondreSupprimerTant qu'à moi, si tu continues dans cette veine ton blogue a de l'avenir!
Yves (moi, j'ai fait un super gratin aux légumes, sauce blanche, fromage et tofu pour souper. Hmmmm!!;-)
Je voudrais m'excuser et saluer bien bas ma consœur Naftaline. J'ai oublié de la mentionner en tant qu'oreille objective, en tant que soupape de soulagement. Nous avons un parcours, à un poil près, identique: Domaine d'études semblables, l'une en design, l'autre en architecture; première inscription à l'université en éducation. Nous avons débuté notre carrière en enseignement dans les mêmes années. Nous avons la même ancienneté. Nous sommes impliquées dans le syndicat. Nous travaillons dans des banlieues, différentes mais tout de même. Vraiment, nous sommes jumelles. Merci Naftaline.
RépondreSupprimerOuin ça blogue pas fort ici depuis la rentrée...
RépondreSupprimerYves (j'te taquine) ;-) ;-)
± Yves. T'as ben raison.
RépondreSupprimerJ'reviens tard. J'fatiguée. Je vais m'y remettre. En "étendant", je commente chez PS.
À bientôt, je ne saurai tarder.
Bon courage, collègue... tu verras, bloguer fait du bien...
RépondreSupprimerProf Solitaire