La retraite

Le 29 janvier 2021 je terminais de vider mon bureau et remettais le portable qui m’étais assigné.

Je suis à la retraite de l’enseignement.

Le suis-je vraiment? Les jours suivants je créais un groupe FB où j’invitais mes étudiantes et mes étudiants à participer afin de se faire la main dans les domaines qui touchent à leur formation. Un groupe de conseil pour le public.

J’y transmets des informations qui correspondent aux compétences que j’enseignais, une par jour au début. Je me suis calmée depuis.

Ceux1 qui m’ont suivi ici savent combien je critiquais le milieu. Ils savent ce que je lui reprochais.

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On est (image de moi qui se tape le front et qui dit Dah!) je me reprends, les professionnels du milieu de l’enseignement sont en négos.  Beaucoup de chose à dire. Plusieurs sujets à traiter. Là, ce qui me titille c’est un des commentaires, un des arguments qui revient dans les groupes entretenus par les enseignantes et les enseignants: l’été pas payé. 

Je n’aime pas cet argument. Le salaire annuel est de tant et les jours de congé sont de tant. C’est ça que les autres voient, c'est ce qu’ils constatent.

Tu fais, mettons 67,000.00$ par année, à  l’échelon 122; tu as congé aux jours fériés; à partir de, on va dire, du 23 décembre jusqu’au 5 janvier, c’est le congé des fêtes; tu as une semaine durant la semaine de relâche, deux jours à Pâques; tu quittes l’école à la dernière journée de juin pour y revenir, disons le 25 août. Les autres là, ceux qui travaillent dans des bureaux, des commerces, des usines… c’est ça qu’ils voient. Je ne pense pas que de dire que tu n’es pas payé du 1er juillet au 24 août va les convaincre que tu es en droit de te plaindre. Pas pour ça, même si c’est vrai.

La moyenne du salaire au Québec est de 41,307$. Ces gens travaillent entre Noel et le Jour de l’an et ils ont deux ou trois semaines maximums pour leur vacance annuelle. Je trouve très gênant de leur lancer nos 40 jours pas payés, même avec le salaire d’un prof qui commence. Je le répète, ça ne veut pas dire qu’après un minimum de 4 ans d’Université, un professionnel ne mérite pas d’être mieux rémunéré.

Je le sais puisque durant mes premières années, je ne recevais pas de paye durant l'été, mais moi, étant à contrat et si je tombais sur un ou une préposée au chômage qui était sympathique, j’avais droit au chômage. Je ne pouvais quitter mon patelin cependant, car si jamais, un autre préposé, moins sympathique, zélé comme on les aime les haïr, appelait, je devais être là et disponible pour les offres de travail présentées. Ce que j’ai détesté cette période! Je vivais de l’insécurité et de l’anxiété. 

C’est encore ce qui se produit pour toutes celles et ceux qui n’ont pas encore de permanence. Ça a pris onze (11) ans avant que j’obtienne la mienne! C’est un scénario qui est encore vécu par beaucoup d’autres. Ça, c’est débile. Ça c’est un des arguments que je mettrais de l’avant, mais, arrêtez-moi ça avec les deux mois pas payés.  

Ah vous allez me dire que le gouvernement garde cet argent, le fait fructifier dans ses coffres plutôt que de nous le remettre afin qu’il profite à nous. C’est vrai, ok, alors mettons ça de l’avant. Que le gouvernement retient un pourcentage de notre salaire afin de nous le remettre durant les semaines d’été.

Je ne suis pas parti prématurément parce que je trouvais mon salaire trop insignifiant, je suis partie à cause de la culture du milieu. C’est obsolète. Il ne s’agit plus de la dynamique du maître ou de la maîtresse en avant et des enfants dociles devant elle ou lui. Cet instituteur n’a plus les moyens d’adapter son rôle, son enseignement afin de capter l’attention de ces rangs de jeunes qui ne viennent plus de ces milieux traditionnels typiques d’un autre siècle. En fait cette période où les enseignants ont pu jouir d’une certaine notoriété a été bien courte tout compte fait.

Certains ont pu jouir de directions d’établissements ouvertes. Certains ont même pu contribuer à l’épanouissement de projets progressistes, stimulants qui ont eu des effets sur les enfants, sur les jeunes qui les ont côtoyés, mais moi, en tant qu’enseignante non, en fait, c’était tellement contrôlé, et ce de plus en plus, surtout depuis les négos sur l’équité, que j’avais l’impression d’avoir à retenir mon enthousiasme, mes initiatives pour finalement ne garder que ma capacité à tisser de bons liens avec les étudiantes et les étudiants, la dernière chose qui me retenait.

 

1  L’emploi du masculin n’est pas justifié par la volonté d’aérer le texte. Il l’est puisqu’aucune femme n’a réagi ou émis

    son opinion. Mais, qu’est-ce qu’on a?

 

2 L’enseignante ou l’enseignant se voit attribuer l’échelon correspondant à son expérience, augmenté de :                       

-  2 échelons dans le cas de celle ou de celui dont la scolarité est évaluée à 17 ans;

- 4 échelons dans le cas de celle ou de celui dont la scolarité est évaluée à 18 ans;

-  6 échelons dans le cas de celle ou de celui dont la scolarité est évaluée à 19 ans ou plus sans doctorat de 3 cycles;

-  8 échelons dans le cas de celle ou de celui dont la scolarité est évaluée à 19 ans ou plus avec doctorat de 3 cycles;

 

 


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